Et si tu te déposais ? Là maintenant, qu’est-ce que ça ferait ?
Essaie, arrête-toi un instant, arrête ce que tu fais. Peut-être ne fais-tu rien mais tu penses à ce coup de fil que tu dois passer, peut être penses-tu à ce projet qui t’anime. En fait non, n’arrête rien, observe, dépose-toi. Observe et abandonne l’idée d’aller quelque part. Tu es à la maison, tu es arrivé. Regarde, regarde-moi, regarde-nous, oui nous ! Nous sommes ta vie, toute ta vie, la totalité de ton film. A la fois tes émotions, tes pensées, tes douleurs, tes joies, ton plaisir, ton inconfort, tes peurs… ta cheville, ton cou… oui, on est tous là. On se loge partout, de ta tête à tes orteils. Parfois on vient à la surface de ta peau, parfois on vient te chatouiller au plus profond de tes entrailles. C’est toujours nous, tes personnages intérieurs faits de rien, faits de tout. On vient jouer à la cornemuse dans ton corps de souffrance.
Accueille-nous, veux-tu ? Ce corps qui te porte chaque jour est ta clef, ta voûte, ton instrument. C’est ton spectacle dansant. Si tu nous accueilles, si tu nous écoutes, si tu nous aimes sans nous chasser, alors tu nous transformeras, tu deviendras l’alchimiste de ton oeuvre.
Ton corps est ton salut, aime-le, touche-le, caresse-le. Non attends, ne fais rien, observe avant. Dépose-le, donne-moi ton poids, donne-moi ton attention. S’il te plait, habite-moi, viens remplir cette main qui est la tienne comme si tu enfilais un gant. Viens chausser tes jambes, remplis ce bassin comme une coupe de glace généreuse. Habite-nous, remplis-nous, occupe tout l’espace de ton corps, de ton centre jusqu’à l’air qui t’entoure. Laisse-toi trembler, dépose-toi, donne-moi toutes tes tensions, oui donne-les moi, je vais m’en occuper. On va les regarder ensemble, on va les aimer. Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ?
Je suis le pont entre ton âme et ta tête, je suis le pont entre le visible et l’invisible. Je suis ton décodeur, je suis ton amour, je suis ta relation, je suis ton amour pour toujours.
Ton corps.
Credit photo : Kunj Parekh